Module 1 L'enseignement ressource en contexte inclusif : les fondements
Section 2 - Les fondements philosophiques et éthiques de l’inclusion scolaire
Ce sont les fondements basés sur les VALEURS et les CROYANCES sur lesquelles repose l’inclusion scolaire.

Vous connaissez probablement déjà le sens que l’on donne en éducation à l’adjectif « philosophique » ou à l’expression « philosophie de l’éducation ». D’après vous, quels sont les deux mots qui traduisent le mieux ce qu’on entend par « philosophie de l’éducation »? Écrivez-les avant de les comparer avec ce qui suit.
Ce sont les mots VALEURS et CROYANCES...
Les fondements philosophiques correspondent donc aux valeurs et aux croyances que partagent les partisans de l’inclusion scolaire. Lorsqu’on parle de fondements philosophiques et éthiques, on est dans l’univers des arguments subjectifs, car on ne peut pas « prouver » que ces valeurs et ces croyances sont « exactes », n’est-ce pas?
Le mot « éthique » désigne la « science de la morale »; les fondements éthiques sont donc les fondements qui se rapportent à la morale.
Ainsi, pour certaines personnes, l’inclusion scolaire n’est pas une question qui relève de la science, c’est avant tout une question d'ordre morale.
La science ne peut pas donner de réponse absolue à la question de l’intégration scolaire. À l’époque de la guerre de Sécession aux États-Unis, Abraham Lincoln aurait-il dû exiger la preuve scientifique des bienfaits de l’abolition de l’esclavage? Aurait-il dû consulter des experts, par exemple, un sociologue, un économiste, un analyste politique?
traduit de Biklen, 1985, p. 16
Bien sûr que non. L’esclavage n’était pas et n’est pas davantage aujourd’hui une question qui doit être tranchée par la science. C’est une question d'ordre morale [traduction].
Lorsqu’on demande à certains partisans de l’inclusion scolaire de nommer la raison pour laquelle l’inclusion est préférable aux classes et aux écoles spéciales, ils vous répondront tout simplement : « parce que c’est la bonne chose à faire! ».
Éduc-et-Notes
Mais qu’en est-il des autres fondements, davantage philosophiques, de l’inclusion scolaire? Quelles sont d’après vous les valeurs principales sur lesquelles repose le choix de l’inclusion scolaire? Pouvez-vous en identifier au moins trois? Prenez le temps de les écrire dès à présent.
Nous y reviendrons dans quelques instants, mais tout d’abord, prenons quelques minutes pour réfléchir à ce qu’on entend par valeurs et croyances.
2.1 Au sujet des valeurs
TRANSCRIPTION
Voici trois observations au sujet des valeurs.
Les individus, selon l’éducation reçue, selon la culture dans laquelle ils ont appris à vivre, n’adhèrent pas nécessairement aux mêmes valeurs.
Quelles sont les valeurs qui influencent le plus vos choix dans la vie?
Il n’y a pas d’éducation sans valeur, sans l’idée que quelque chose est préférable à autre chose.
Quelles sont les valeurs auxquelles vous accordez le plus d’importance dans votre profession, l’enseignement?
Les valeurs sont souvent associées aux CROYANCES.
Kreitler et Kreitler (1972) proposent un modèle des croyances, modèle couramment utilisé en sciences humaines, qui permet de distinguer quatre types de croyances :
- Croyances égocentriques;
- Croyances exocentriques;
- Croyances factuelles;
- Désir ou nécessité.
2.2 Les valeurs associées à l'inclusion scolaire
Revenons maintenant aux valeurs les plus souvent associées aux fondements philosophiques de l’inclusion scolaire.
Quelles sont-elles?
À cette question aussi, il n’y a pas de réponse définitive. Les valeurs que vous avez relevées précédemment sont donc tout aussi valables que celles que nous allons vous proposer. D’ailleurs, certaines sont peut-être les mêmes.
Allons, comparons.
TRANSCRIPTION
L’appartenance de tous à une même communauté
On compare souvent le groupe-classe à une grande famille ou à une communauté d’apprenantes et d’apprenants.
La valeur communautaire de l’inclusion
Or, qu’est-ce qu’une « communauté » avant toute chose?
Selon Scott Peck (1993), c’est « un groupe qui a appris à transcender ses différences individuelles » (p. 73).
Attention! Transcender ses différences ne signifie pas les éliminer, mais bien plutôt les intégrer dans la courtepointe que constitue la communauté.
Le respect des différences, des personnes et des familles
Pour apprendre à respecter la différence, il faut la côtoyer chaque jour. Les enfants et les jeunes avec handicaps sont avant tout des personnes.
La valeur du respect
La société a trop longtemps décidé en lieu et place des personnes handicapées et de leurs familles, sans entendre leur voix ni respecter les besoins qu’elles exprimaient.
Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent non seulement pour réclamer le respect des différences, mais pour inviter à célébrer la différence!
L’entraide
L’entraide peut se conjuguer de bien des façons à l’intérieur d’une communauté d’apprentissage : coopérer à la réalisation d’une tâche commune, collaborer en apportant sa contribution personnelle, ou tout simplement aider pour aider, par bienveillance pour autrui.
La valeur de l’entraide
L’entraide et l’inclusion vont de pair. Apprendre dans une classe inclusive, c’est parfois tout simplement :
- donner un coup de main à celui qui en a besoin;
- c’est d’autres fois coopérer, à sa manière, à la réalisation d’une tâche commune;
- c’est enfin collaborer en apportant sa contribution, quelle que soit cette contribution, au bon fonctionnement de sa communauté d’apprentissage...
2.3 Les croyances associées à l'inclusion scolaire
Ce sont les chercheurs américains Lipsky et Gardner (1989) qui ont été les premiers et ont le mieux réussi à résumer les deux croyances fondamentales sur lesquelles a longtemps reposé l’intégration scolaire et sur lesquelles repose aujourd’hui l’inclusion :
-
Les élèves à besoins particuliers sont davantage semblables aux autres enfants et aux autres jeunes qu’ils en sont différents.
- L’inclusion des élèves en difficulté dans la classe ordinaire peut enrichir l’éducation de tous les élèves.
Éduc-et-Notes
Quelles sont vos propres croyances au sujet de l’inclusion scolaire. Vous pouvez par la suite les comparer avec celles qui vous ont été proposées dans ce qui suit.
Évidemment, vous aurez compris que les croyances sont du même ordre que les valeurs. Ce sont des fondements subjectifs, qu’on peut difficilement « prouver ». Il en va tout autrement des fondements scientifiques de l’inclusion scolaire.