Module 1 L'enseignement ressource en contexte inclusif : les fondements
Section 3 - Fondements scientifiques de l’inclusion scolaire
Ce sont les fondements basés sur les données de la RECHERCHE qui démontrent l’efficacité de l’inclusion...
Le terme « scientifique » est évidemment mieux connu. Il est donc inutile de le définir ici. Les fondements scientifiques de l’inclusion correspondent aux arguments tirés de la recherche, soit les arguments fondés sur des données objectives, scientifiquement démontrés.
Les fondements scientifiques répondent eux aussi à la question du POURQUOI, pourquoi choisir l’inclusion scolaire plutôt que les écoles et les classes spéciales? Est-ce que les élèves inclus apprennent mieux dans une classe ordinaire que lorsqu’ils sont placés dans une classe spéciale? Quels sont les effets de l’inclusion scolaire sur le développement des habiletés sociales de ces élèves? Et qu’en est-il des autres élèves des classes ordinaires? Voilà quelques-unes des questions que la recherche sur les effets de l’inclusion scolaire a abordées.
Éduc-et-Notes
La recherche sur les effets de l’inclusion
En tant que nouveau chercheur en inclusion scolaire, votre district scolaire vous sollicite pour entreprendre une étude visant à « évaluer les effets de l’inclusion scolaire dans les écoles du district » (c’est le mandat général qu’on désire vous confier). Alors, comment allez-vous vous y prendre?
Prenez quelques minutes pour rédiger votre Canevas de recherche...
3.1 Méthodes de recherche et objets mesurés
Comment s’y prendre pour mesurer les effets de l’inclusion scolaire? Tout d’abord, il convient de rappeler qu’il existe plusieurs méthodes de recherche possibles. Des chercheurs choisiront une méthode quantitative fondée sur des données chiffrées qui fourniront des résultats statistiques. D’autres chercheurs préfèreront une méthode qualitative, cherchant plutôt à décrire l’expérience vécue à partir d’observations in vivo, d’entrevues avec les acteurs concernés ou d’études de cas.
Du côté méthodologique, une autre distinction importante se trouve dans le choix de mesurer les effets démontrés (notamment à partir des résultats obtenus sur un testnormalisé) ou d’évaluer les effets perçus de l’inclusion scolaire (par exemple, au moyen d’une entrevue avec une enseignante, un parent, etc.).
En ce qui concerne les objets d’étude (ce qui est mesuré), ceux-ci peuvent être regroupés en deux grandes catégories :
- les effets sur l’apprentissage scolaire, par exemple le nombre d’objectifs maitrisés ou leur degré de difficulté, le résultat des élèves sur des tests normalisés, etc. ;
- les effets sur le développement social et sur les comportements.
La plupart des recherches porte sur les élèves ayant un handicap, mais à peu près toutes les catégories d’élèves en difficulté ont aussi fait l’objet d’études ainsi que les élèves des classes ordinaires.
Éduc-et-Notes
En passant, d’après vous, pour quelles catégories d’élèves à besoins particuliers les effets de l’inclusion scolaire sont-ils les plus positifs ? Pour quels élèves a-t-elle les effets les moins positifs ? Écrivez tout de suite vos réponses à ces questions. Vous pourrez ensuite les comparer avec les résultats de la recherche concernant les catégories d’élèves inclus.
3.2 Deux recensions des écrits
Il existe maintenant de très nombreuses recensions d’écrits portant sur les effets de l’inclusion scolaire. Vienneau (2004, 2010) propose deux recensions... de ces recensions.
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La première, parue dans le premier collectif francophone consacré à la pédagogie de l’inclusion scolaire (Rousseau et Bélanger, 2004), couvre les toutes premières recherches des années 1970 et 1980, mais surtout la décennie la plus productive dans ce domaine, celle des années 1990.
Dès les années 1980, plusieurs recensions d’écrits ont été consacrées aux répercussions de l’inclusion scolaire sur les apprentissages scolaires et sur le développement social des élèves intégrés. En bref, trois de ces recensions appuient l’entière inclusion , c’est-à-dire l’inclusion systématique et inconditionnelle de tous les élèves ayant un handicap ou des difficultés d’apprentissage ou d’adaptation (Baker, Wang et Walberg, 1994-1 995; Lipsky et Gardner, 1 995; Wang, 1997), alors que deux autres appuient plutôt l’approche traditionnelle de l’intégration scolaire, dans laquelle on conserve un continuum de placements (Hocutt, 1 996; Moore, Gilbreath et Maluri, 1998).
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La seconde recension, parue dans une réédition du collectif (Rousseau, 2010), couvre la première décennie des années 2000 (de 2000 à 2009).
Cette deuxième recension répertorie six recensions de recherches menées en Amérique du Nord et en Europe. Parmi celles-ci, celle de Lindsay (2007) dresse un portrait relativement positif pour l’ensemble de la population des élèves ayant des besoins particuliers. De fait, aucune recherche n’a révélé d’effets négatifs sur l’apprentissage ou le rendement alors que dix études ont montré des effets positifs ou neutres; quatre études (20 %) ont démontré des effets d’ordre social négatifs par rapport à seize études qui ont révélé des effets positifs ou neutres (80 %).
Enfin, de manière générale, les deux recensions de recensions d’écrits confirment l’hypothèse selon laquelle l’inclusion aurait des effets bénéfiques tant dans le domaine des apprentissages scolaires que dans celui du développement social et des comportements; et tant pour les élèves intégrés que pour les autres élèves des classes ordinaires (voir à ce sujet la recension de Kalambouka, Farrell, Dyson et Kaplan, 2007).